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GR20 Suite

Quel plaisir de galoper,  sur ce chemin qui sillonne à travers cette pampa éclatante. Tels 3 étalons, nous bondissons dans la prairie jusqu’au refuge de Manganu, le point de départ de la montée à la brèche du Capitello (2225 m), l’un des point culminant du GR. Bon OK ! On dirait plus 3 bourricots normands que des purs-sangs Anglais, mais bon on peut toujours rêver !

Ceci dit, nous arrivons en bonne foulée au refuge, dans les temps estimés. Nous y faisons le plein en eau avant de s’attaquer à cette longue montée qui débute le long d’un torrent qui a le don de rafraîchir l’air ambiant. La végétation s’estompe peu à peu pour laisser place à nouveau à un lit de cailloux plus ou moins gros. Certains passages nous contraignent à remettre les mains et nous gagnons rapidement de l’altitude. A l’approche des 2000 mètres, les névés réapparaissent, signe que la brèche n’est plus très loin. Tandis que nous évoluons, abrités du soleil généreux par cette crête qui nous domine, on distingue une ouverture entre deux roches qui laisse s’échapper quelques rayons donnant un côté mystique à cet instant précieux. Les lunettes vissées sur le nez, nous traversons cette porte de pierre et nos yeux sont aussitôt happés par la beauté du lieu. En effet, nous surplombons un fer à cheval immense, saupoudré de neige sur ses hauteurs qui viennent nourrir deux lacs (Melu et Capitellu) encore recouverts en partie de glace. J’ai l’impression de voir deux énormes miroirs bleutés dans lesquels se reflètent les massifs qui nous entourent : nous sommes émerveillés ! Après cette phase émotion, il nous faut revenir à la réalité et repartir sur notre droite en s’accrochant à un câble. Le couloir est périlleux car nous traversons sur une longue portion enneigée toute en dévers. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La pente est relativement raide, et une glissade en cet endroit, sans grande possibilité de s’arrêter, serait tout simplement dramatique. Nous apprenons par des randonneurs, que des hélicoptères recherchent depuis deux jours, une personne qui aurait disparue dans les environs, et nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’il pourrait s’agir de ce passage délicat. C’est donc solidement tenus des deux mains que nous progressons calmement en ayant pris soin de mettre suffisamment de distance entre nous. Une fois passés, nous reprenons plaisir à glisser sur les neiges persistantes jusqu’à la Bocca a Soglia (2050 m) d’où deux coureurs s’apprêtent à repartir. L’un des deux souhaite faire un bout de chemin avec nous en direction de la Bocca Muzzella (2206 m). Cette rencontre permet d’échanger sur nos aventures respectives mais augmente indéniablement par réflexe le rythme de notre course. Nous sautons sur des blocs géants et lisses, en défiant notre équilibre, à une allure qui ferait rougir des bouquetins. Oups ! Une culbute et notre camarade de fortune se râpe les deux tibias. Ce rappel à l’ordre calme nos ardeurs et nous arrivons sagement groupés au sommet. Nous le laissons sans trop tarder, après l’avoir salué, pour rallier le refuge de Pietra Piana situé au dessus de la vallée de Manganellu. Ce refuge agrippé à la montagne sonnera notre pause casse croûte comme prévu selon notre timing. Nous faisons la connaissance du gardien qui nous prépare 3 belles assiettes de charcuterie et de fromage pour recharger les batteries. Nous blaguons avec lui sur la course à pied, la montagne, les filles, Marseille et l’itinéraire à suivre.
Mais dans la plaisanterie nous n’évoquons pas la variante possible par les crêtes des Pinzi Corbini, plus courte et certainement toute aussi belle. Une variante que je souhaitais prendre pour gagner en temps et en fatigue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bref, pour être plus sûrs, nous suivons donc le parcours classique en redescendant sur la vallée de Manganellu par un sentier technique où la prudence est de rigueur. Les chevilles et les genoux sont extrêmement sollicités et nous commençons à ressentir une certaine fatigue articulaire. Nous nous rapprochons à nouveau d’un torrent et l’envie d’y tremper nos pieds surchauffés est grandissante. Ber et moi essayons d’amadouer, en vain, notre ami Kader qui reste ferme sur le timing : Et il a raison le bougre ! Même si l’on sait qu’il aurait aimé, tout comme nous, goutter à cette eau translucide et frémissante qui se versait de vasque en vasque. Une fois cet appel à la détente éloigné, comme les sirènes à Ulysse, nous retrouvons une cabane où des convives attablés profitent de la Dolce Vita que propose ce lieu. Nous remplissons nos gourdes à la source et nous nous désaltérons d’un soda bien frais tandis que Kader sympathise avec un local qui semble apprécier notre attitude et notre discours sur la Corse. Mais le chrono toujours en tête nous impose de repartir vers le refuge de l’Onda.

Le parcours jusqu’au refuge, en grande partie sur piste forestière, est quelque peu monotone, mais nous arrivons enfin à ce gîte bondé de randonneurs. Sur papier il semble que nous n’ayons plus de difficulté majeure, mais le site qui nous entoure, tout en haut relief, ne laisse pas présager une fin tranquille comme nous l’espérons. Pour en être convaincu, Kader interpelle un homme avec son cheval et lui demande la direction pour Vizzavona. Du bout de son doigt assuré, l’homme nous indique un pic, que dis-je une péninsule (je sais ! ça vous rappelle quelqu’un !) qui semble à des années lumières. Sans se résigner, Kader demande à une demoiselle le topo guide et sa lecture confirme le passage obligé en dessous du Mont d’Oro (2389 m). Abasourdis, nous reprenons un soda pour nous donner du cœur à l’ouvrage et attaquons l’ascension en réalisant que la variante depuis le refuge de Pietra Piana aurait était la bienvenue. Mais pas le temps de faire des plans sur la comète, les filles nous attendent à Vizzavona  et nous n’avons pas d’autre solution que de gravir ce col. Un sommet rendu difficile par la présence du dieu Eole qui a décidé de nous faire face, accompagné par quelques gouttes de pluie qui nous obligent à enfiler une veste. Les nuages balayés par le vent viennent caresser le flanc de la montagne et  l’habille d’une traîne comme le voile d’une mariée. Ber accuse un peu le coup, quant à moi je rage de ne pas avoir lu correctement la carte, et qui tout au long de la journée est indiqué qu’au refuge de l’Onda nous serions pratiquement arrivés. On sert les dents et arrive à la bascule sur Vizzavona. On profite d’avoir du réseau pour appeler les filles et leurs donner notre position et notre heure approximative d’arrivée. Il ne reste plus qu’une descente jusqu’à la cascade des Anglais notre point de ralliement. Et quelle descente, plus de 1000 mètres à dévaler dans une pente extrêmement éprouvante. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon releveur du pied gauche en fait les frais et commence à me faire souffrir. Les ampoules de Kad sont toutes illuminées et les genoux de Ber sont heureusement maintenus par ses genouillères. Dévers, éboulis, graviers, grosses dalles ponctuent ce sentier qui usent les organismes.  A l’approche du fond de la vallée de l’Agnone, un bruit d’eau arrive à nos oreilles : il s’agit de la cascade tant attendue. Une passerelle enjambe le torrent et nous entamons la recherche des filles qui, par un quiproquo, étaient parties au logement pensant que nous arriverions plus tard.  Après moultes vires-vires dans le dédale des pistes forestières, nous finissons par nous donner rendez-vous à la gare de Vizzavona. Claire et Audrey arrivent quasi simultanément et nous conduisent à l’hôtel de Guizoni car l’ensemble des logements sur place ont été pris d’assaut. Dans la voiture, nous leur décrivons notre journée et les remercions à nouveau de leur disponibilité. Pour ma part, une inquiétude subsiste sur mon pied qui me fait atrocement mal et sur lequel un hématome commence à apparaître. Je peine à dérouler ma cheville, alors je la glace et y met un anti-inflammatoire pour la nuit, avec des chaussettes de récup, mais je fais part de mes craintes à Ber sur mes possibilités à repartir le lendemain. Chacun de nous étant fatigué, on décide sagement de prendre un peu plus de repos et de nous lever que vers 8h00, et ainsi  scinder la dernière journée en 2/3 – 1/3 pour passer à 3 jours et demi contre 3 à la base.

 

Samedi 23 juin, vers 8h00 : Verde – refuge de Matalza (27 km et 1500 de D+) La nuit porte conseil, mais surtout à la faculté de réparer certains traumatismes. C’est le cas pour mon pied qui semble opérationnel dès mon réveil. Je suis soulagé, et après un bref déjeuner nous nous dirigeons en voiture au col de Verde en rabotant le parcours de la portion Vizzavona – Capanelle qui nous obligerait un détour trop important. Le soleil est encore au rendez-vous ainsi que la bonne humeur.  Nos articulations éprouvées ne nous font pas trop souffrir et nous engageons alors une marche active jusqu’au refuge de Prati. Dès les premiers kilomètres Bernard se plaint de crampes d’estomac et met cela sur le compte du café pris au départ de l’hôtel. La première ascension arrive à son terme lorsque l’on aperçoit le point de contrôle d’une course organisée le jour même sur le sentier que nous empruntons : Quelle chance ! Nous laissons place aux concurrents qui nous croisent tout en les encourageant copieusement à chacun de leur passage. Cet intermède sportif agrémente notre début de matinée jusqu’à la Pointe de Capella. Le chemin zigzague sous la chaleur du soleil et les douleurs abdominales de Ber s’accentuent. Tiraillé et prit de vertiges, il se met accroupi afin de soulager son ventre et récupère quelques minutes avant de repartir. Nous ralentissons la marche dans l’espoir de lui trouver un remède au refuge d’Usciolu, notre prochain point de chute pour déjeuner. Le destin faisant bien les choses (cette fois-ci), un des ravitaillements de la course est encore en place sur un énorme rocher formant une terrasse de pierre. Sur ce promontoire, deux ou trois personnes de l’organisation, nous accueillent et nous encouragent dans notre aventure. Sous un parasol sont entreposées des bouteilles d’eau et de soda destinées aux coureurs, dont le dernier est en train d’en terminer avec le serre-fil. Nos yeux doivent certainement loucher sur cette providence car un dénommé Hervé, fort sympathique, nous propose de nous servir. Sans se faire prier, nous remplissons nos gourdes presque vides, tandis que Ber colmate sa crise gastrique avec le fameux breuvage américain qui lui plait tant. Cette rencontre est une chance et nous les remercions pour leur gentillesse, en sachant qu’on les a sûrement délestés de quelques kilos à redescendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Requinqués, nous reprenons notre route qui longe l’arête faîtière sur un sentier scabreux aux pentes assez raides. Chacun de nos pas fait fuir une myriade de petits lézards, plus ou moins farouches, venus bronzés sous un soleil au zénith. Le marquage rouge et blanc nous guide à travers les rochers et les aiguilles à contourner, aidés de temps à autres par des cairns parsemés. Nous avançons à bonne allure en doublant de temps à autre des randonneurs admiratifs. Au détour d’un virage, nous distinguons en contrebas le refuge d’Usciolu. Il doit être midi, et comme prévu nous achetons au gardien du fromage, du saucisson et une orange pour Bernard, qui salive à la vue de sa rondeur.  Il faut avouer que le fruit est gorgé de soleil, et une fois coupé en deux, un jus sucré coule sur les mains de notre ami qui s’en délecte aussitôt. Kader et moi avons plaisir de le voir se régénérer ainsi après sa mésaventure de la matinée.

Petit rituel de chaque arrêt : manger, soin des pieds, et crème solaire, le tiercé gagnant de notre périple. Bien décidés à retrouver les filles en milieu d’après-midi, nous ne tardons pas trop et laissons le refuge derrière nous pour rejoindre les bergeries près du refuge de Matalza.

Le sentier est encore escarpé et caillouteux sur une bonne partie avant de voir apparaître peu à peu une végétation timide qui témoigne notre arrivée en fond de vallée. Sur le plateau herbeux, un panneau nous indique deux itinéraires possibles, avec l’ancien parcours du GR20 à gauche et le nouveau sur notre droite. Compte tenu de notre lieu de rendez-vous nous nous lançons à droite sur un monotrace qui serpente joliment à travers un bois plus épais. Mon pied me fait à nouveau souffrir et ber me tend un antidouleur relativement efficace qui me permet de me remettre en route. Nous trottinons jusqu’à la sortie de ce bosquet d’où une prairie étincelante nous inonde de sa beauté. Quel plaisir de courir à nouveau dans une verdure généreuse entre fougères et fleurs multicolores. Cette nature, nourrie par un torrent calme et limpide, nous guide auprès de Claire et Audrey que j’aperçois comme deux nymphes près du ruisseau. Je m’esclaffe de joie, mais mes compères ne semblent pas me croire et attendent de les voir de leurs yeux pour s’exprimer à leur tour. Heureux, nous nous mettons les jambes dans l’eau (enfin !) et apprécions l’instant avant de regagner notre gîte.

Le logement est sommaire mais authentique avec un gardien chaleureux et patriarcal. La nourriture typique et gargantuesque, qui y est servie, nous recharge les batteries. Repus de ce repas délicieux, nous demandons à la cuisinière de nous préparer des sandwichs pour le lendemain. Juste avant de nous coucher, l’homme nous offre l’alcool de myrte, dont se délecte Kader (au moins 3 verres), qui effleure nos papilles et appelle Morphée pour une nuit douce et tranquille. Pas besoin du marchand de sable ce soir !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 24 juin, vers 05h00 : refuge de Matalza - Conca (35 km et 1800 de D+) Reposés, le réveil sonne vers 5h00, et nous tâchons de ne pas faire trop de bruit dans le dortoir. Il fait frais et le ciel est menaçant pour la première fois de notre séjour. Une sensibilité exacerbée au froid impose de nous enfiler 3 couches tout en buvant notre boisson chaude. Claire et Audrey nous saluent et nous réalisons que nous ne les reverrons qu’à Conca : la fin de notre aventure. Le maître mot de la matinée sera de «profiter» du moment présent, de la Corse, de notre amitié avant le retour sur l’hexagone. Un brouillard dense obstrue notre vision sur l’horizon et quelques gouttelettes viennent s’écraser sur notre visage refroidi par les bourrasques de vent. Dire que la veille nous barbotions dans l’eau fraîche pour refroidir nos muscles surchauffés et aujourd’hui nous sommes emmitouflés de la tête aux pieds. Mais bon ! Nous contournons le mont Incudine (2134 m) et poursuivons sur un sentier jonché de rochers arrondis formant des statues naturelles aux formes évocatrices. Malgré le temps maussade, le paysage reste exceptionnel jusqu’à la crête avant de basculer sur le refuge d’Asinau.

Le vent redouble d’intensité et il faut produire un effort pour s’extraire de ce sommet. Une fois de l’autre côté de l’arrête, protégés du vent, nous nous allégeons de la veste imperméable et accostons  un randonneur transpirant. Il s’agit d’un étranger, et Kader nous fait une démonstration de son anglais scolaire approximatif avec son accent Franco-tunisien. Une vraie partie de rigolade qui nous tiendra quelques minutes, et pour agrémenter le tout, nous faisons la promotion de la cuisine de Matalza à l’image de VRP en déroute. A ce titre, nous croisons un réunionnais-marseillais avec lequel Kader engage la conversation. Au fil du dialogue, il se trouve que l’un de ses amis dans le groupe est une connaissance à Bernard et qu’il est informé de notre défi Corse : Quand je vous dis que le monde est petit ! Imaginez un marseillais rencontrant d’autres marseillais en Corse et vous aurez le tableau, du pur bonheur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais pas le temps de s’attarder, nous continuons à descendre avec en point de mire le refuge avec en toile de fond les aiguilles de Bavella. Pas d’arrêt prévu à Asinau et nous nous dirigeons directement, par un petit monotrace agréable, aux pieds de ces dents acérées qui pointent maintenant au-dessus de nos têtes. Nous avons décidés de prendre la variante dite « alpine », plus courte, plus dure mais surtout plus belle. Plus dure car la montée connaît des pourcentages à faire rougir la tour de Pise et la descente emprunte des chaînes métalliques sur certaines portions, mais rien à voir avec le Cirque de la Solitude, je vous rassure. Plus belle, car nous traversons un site somptueux et sauvage sortit tout droit d’un décor de cinéma avec des colonnes de pierres érodées par le temps. Nous ne sommes pas déçus d’avoir choisi cette option malgré une descente infernale qui me réveille une douleur sur le pied droit, ce coup-ci. Je m’empresse d’enlever ma chevillière qui me comprime tel un garrot et me masse avec un anti-inflammatoire sur la terrasse d’un bar. Je peine à repartir, mais en trottinant doucement la douleur s’estompe quelque peu et nous courrons à bon rythme jusqu’à Finosa avant de plonger sur le dernier refuge, celui de Paliri. La descente est rapide à travers les fougères hautes et je m’arrête par moment pour ajuster une chevillière qui semble me faire plus de mal que de bien. Pourquoi ne pas avoir écouté Kader qui me conseillait de l’enlever complètement ? GRRRRRRR !!!!!! Bref ! Nous arrivons à ce refuge ensoleillé à souhait où l’on s’apprête à manger notre sandwich gentiment préparé par la cuisinière de Matalza. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A chaque arrêt mon pied enfle d’avantage, cisaillé par ce manchon qui me comprime. Je peine à repartir mais, pour me donner du baume au cœur, Kader me signale qu’il ne nous reste que 10 km de descente avec un final sur du sable. Je m’imagine déjà en train de courir sur ce sol souple et annonciateur de la plage toute proche. Seulement voilà, au fur et à mesure que nous avançons le sentier se transforme en montagnes russes avec des montées et des descentes à n’en plus finir. Et ce sable, où est-il ? Certainement encore bien loin, car le sentier ressemble par moment au lit d’une rivière asséchée. Ces éboulis me meurtrissent d’avantage ce pied que je n’arrive quasiment plus à poser. Je peste, je rage de colère, moi qui aurais tant aimé finir en trottinant jusqu’à l’arrivée. Je serre les dents par orgueil et pour ne pas être un trop lourd fardeau à mes compagnons. Mon cerveau focalise sur cette douleur et je ne savoure même plus la vue sur la mer qui nous est offerte. Enfin un dernier col et une dernière descente, mais toujours pas de sable !, puis c’est une route goudronnée que nous foulons avec un panneau indiquant l’entrée dans la commune de Conca. C’a y est nous y sommes enfin, nous nous embrassons et congratulons les larmes aux coins des yeux, heureux d’avoir atteint notre but. Nous apercevons, au bas de la rue, Claire et Audrey venues à notre rencontre pour nous féliciter de leur sourire, et nous immortalisons l’instant d’un cliché devant la pancarte attestant de la fin de notre GR20.
Sur le chemin du retour une forme de nostalgie s’installe en nous. Le souvenir des bons moments passés entre potes prennent le dessus des blessures ou de la souffrance partagée lors de ce périple. Preuve que cette aventure a pris une dimension humaine plus que sportive et elle a révélé en nous une affection sans failles. A cette occasion, je tiens à remercier chaleureusement Claire et Audrey, nos assistantes de choc, sans lesquelles rien n’aurait été possible.
Pour ceux qui aiment les chiffres : nous avons bouclé le GR20 en 46 heures et 25 minutes (pauses inclues). Un parcours de 186 kilomètres avec ses 9800 mètres de dénivelés positifs. Ce sentier qualifié de plus dur d’Europe, voir du Monde, et pour ma part le plus impressionnant qu’il m’ait été donné de fouler depuis que j’ai la chance de mettre un pied devant l’autre pour marcher. Il restera sans nul doute gravé dans ma mémoire, à la hauteur de notre amitié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A bientôt sur les sentiers…                                                                                                                                                 SEB

TRAIL : EXTREME SPORT

                                                                      BY SEBASTIEN FARANO

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