
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
Coeur Fidèle
«Ardéchois, cœur fidèle» est le dicton de l’Ardèche et celui-ci résume parfaitement le week-end passé entre amis et chargé d’émotions.
Tout juste une semaine après notre relais de 100 kilomètres autour du Ventoux, je retrouve une partie de l’équipe de copains à St Martin au bord des gorges de l’Ardèche, pour un trail de 40 km.
Nous avons prévu, Kader et moi, de cumuler sur deux jours avec la course de la falaise de Joucas le lendemain, en guise de préparation pour notre rendez-vous de la mi-juin sur le massif des Ecrins.
Nous observons et analysons le parcours avec minutie, sur la carte mise à notre disposition par les organisateurs, comme pour s’imprégner et savourer à l’avance le tracé choisi par Yves le chef d’orchestre de cette manifestation sportive, sur ce terrain de jeu époustouflant de beauté.
Thomas et mémé ont décidé de s’aligner sur le 23 km, et tout en attendant leur départ, ils sont venus nous encourager dès 7h30 avec Bernard, Claire et Audrey pour le coup d’envoi de la course dite « Elite ».
Je précise à Kader qu’il serait plus sage de prendre un départ souple et de laisser faire, car la matinée s’annonce longue et chaude : ce qu’il semble acquiescer.
Le speaker nous libère alors au son du clocher du village en direction du pont suspendu qui enjambe l’Ardèche. Mon ami Kader fait fi de mes recommandations préalables et décide de prendre les choses en mains, histoire d’imposer un tempo d’entrée. Nous nous engageons dans une première montée de 5 kilomètres et j’arrive à sa hauteur, un petit rictus au coin des lèvres, comme pour ironiser la situation.
Nous voilà tous deux à bonne allure dans cette pente en direction du village médiéval d’AIGUESE avec à nos trousses, une bonne centaine de mordus en file indienne. Très vite un petit groupe de 5 coureurs se constitue sur ce monotrace surplombant les gorges qui serpentent à travers la végétation.
Alors que j’aurais tant aimé pouvoir m’échapper avec Kader, Didier PONTVIANE un coureur RAIDLIGHT arrive à mes côtés et me prend le relais. Je lui emboîte le pas distançant inexorablement peu à peu nos poursuivants. Je reprends la tête de la course dans la longue descente qui nous mène au bord de la rivière où nous attendent plusieurs canoës mis à notre disposition pour nous acheminer d’une rive à l’autre.
J’enfile mon gilet de sauvetage et m’assoie entre mes deux aimables rameurs du jour. A l’avant un homme grisonnant fait l’effort de lutter contre le courant, tandis qu’à l’arrière un jeune garçon accompagné d’un enfant au sourire radieux barre à merveille notre embarcation pour nous amener comme une fleur sur le rocher d’en face. Je les remercie mille fois avant de regagner la végétation épaisse tout en distinguant au loin Didier qui est à quelques longueurs.
Les sensations sont bonnes. Je poursuis mon effort dans les multiples relances, mes speed trail aux pieds, jusqu’à la séparation des deux parcours. Je prends un gel car une montée sèche de 300 mètres de D+ se présente à moi où je me surprends à pouvoir trottiner sur une grande partie. Au sommet, la vue est tout simplement vertigineuse et le soleil se fait de plus en plus présent plombant quelque peu l’atmosphère.
Je déroule sur un siggle track emprunté habituellement par des chevaux. Les sentiers s’entrecroisent en tous sens, mais les ru balises accrochées aux buissons me rassurent sur l’orientation qui me fait parfois faux bond. Seulement, j’arrive à l’intersection d’une route goudronnée et point de fanion rouge et blanc suspendu ni à gauche, ni à droite. Je décide de traverser et de tenter ma chance sur le chemin en face de moi sans grandes convictions.
Après plusieurs mètres mes doutes se confirment, car je suis au carrefour de quatre sentiers et je ne sais plus où aller. Je reviens alors sur mes pas jusqu’aux dernières ru balises, puis essaie une autre option sans plus de succès. Je suis dépité, pour une fois que ce n’est pas moi qui me perd, c’est un plaisantin qui a débalisé.
Cinq minutes passent ainsi à jardiner à travers la garrigue avant de revoir Didier surpris de me croiser à contre sens. Nous prenons la décision de contacter par téléphone Yves l’organisateur afin qu’il nous aiguille à distance. Tour à tour nous rejoignent Kader et deux autres coureurs tout aussi contrariés que nous.
Une fois réorientés, nous décrochons les rubans mis à mauvais escient et nous les remettons sur le bon sentier pour les prochains trailers et reprenons notre course.
Près de 25 kilomètres d’effectués et nous revoilà comme au début, les cinq coureurs réunis et nous nous remettons petit à petit dans notre tempo après cette mésaventure.
Didier et moi, nous nous éloignons à nouveau jusqu’au 30ème km où je prends un autre gel pour le final. Mais celui-ci ne passe pas du tout, il me crée des crampes intestinales certainement par manque d’hydratation également.
J’indique à mon compagnon de route mes problèmes passagers et lui demande de poursuivre sa course sans états d’âme.
J’espère sincèrement me refaire une santé tout en le voyant s’éloigner dans un léger faux plat montant. Heureusement la dernière descente me permet de récupérer et je déroule de nouveau à vive allure. Mais une racine me stoppe nette dans mon élan en accrochant ma chaussure et comme par coutume, dans un roulé boulé, je viens goutter la terre que je foule.
Une contusion au genou et une cheville meurtrie je repars vers les bords de rivière qui annoncent le final.
Je saute de dalle en dalle, accompagné par les concurrents du 23 km que je rattrape et par le croassement des batraciens qui semblent nous encourager. Nous arrivons à une large piste et j’aperçois au loin le public massé autour de l’arche finale.
Je franchis la ligne en deuxième position en 4h15, à 2minutes de Didier et mon ami Kader complète le podium pour mon plus grand plaisir ainsi que celui d’Yves que je remercie infiniment au passage.
Le lendemain, les jambes semblent avoir récupérer au départ de Joucas pour un 12km rapide dans les collines environnantes. Nous y retrouvons les amis coureurs Running Conseil de Marseille armés de leur bonne humeur.
Nous sommes plus de 200 sur la ligne, main sur le chrono et prêt à lâcher les chevaux. Dès le coup de pistolet, le tempo assuré par Eddy me convient et je me place aux environs de la vingtième place pour ne pas me brûler les ailes.
Je me sens bien et tour à tour je remonte un à un les coureurs qui me précèdent jusqu’à la dernière descente qui nous ramène au village.
Je franchis la ligne en 8ème position en 52 minutes, puis c’est au tour d’Ennio de participer à la course pour enfant, où il termine 4ème au scratch et 1er de sa catégorie : Bravo mon fils !
A bientôt sur les sentiers.
A la mémoire d’Huguette



TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO