
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
La Piste des Seigneurs
C’est dans la lignée des TEMPLIERS qu’est née LA PISTE DES SEIGNEURS, cette course de plus de 65 kilomètres et qui s’annonce comme une concurrente de la mythique SAINTELYON. En effet, cette épreuve se déroule de nuit, en solo ou en relais et sur une distance similaire à sa grande sœur, le tout dans un décor grandiose de l’Aveyron avec en toile de fond le long viaduc de Millau.
Nous sommes donc partis tout un groupe de Vauclusiens motivés pour cette première édition mémorable. Après une pasta party obligatoire sur Millau, nous montons tous dans une des navettes prévues par l’organisation en direction de Rodez, la ville départ.
Le confortable amphithéâtre de Rodez qui nous accueil pour la remise des dossards nous permet de peaufiner notre préparation des sacs, ainsi que notre concentration. Chacun tente à sa manière de s’alimenter ou de se reposer dans une ambiance des plus détendue.
19 h 00, nous nous rapprochons de la ligne de départ, près de l’église majestueuse de Rodez sous un éclairage presque céleste rendant l’instant encore plus magique. Après le discours d’encouragement de certains sponsors et de la part de l’organisateur, le départ est donné avec la musique entraînante d’Era et accompagné de fumigènes rouges et des applaudissements des spectateurs : nous avons vraiment l’impression d’être les « seigneurs » de la nuit.
Une petite crainte subsiste en moi dès les premières foulées, car quinze jours auparavant une douleur vive au pied droit me pénalisa dans la fin de ma préparation et m’obligeait à marcher sur la pointe de pied. Le mollet contracté se fit ressentir de suite, mais le pied semble vouloir me laisser tranquille. C’est dons assez serein que je me lance à bonne allure à travers les rues étroites de Rodez doublant de nombreux coureurs, y compris des relayeurs. Au débouché d’une petite route, une nuit sombre et froide nous tend ses bras et nous nous y engouffrons un par un frontales allumées.
Le rythme est soutenu et les premiers hameaux se traversent rapidement, Istournet, Inières et tout ceux que je n’ai pas retenu. A ma grande surprise, le sol est très humide par endroit, et je tente avec mes compagnons du jour de garder les pieds secs en alternant notre course d’un côté et de l’autre du chemin. A propos de pied, le mien ne se manifeste toujours pas, et le premier ravito et relais se dresse au bout du village de Pont salars. Je jette un œil sur ma montre GARMIN, qui m’indique 1h40 pour 20 kms (contre 1h30 pour thomas Lorblanchet), trois morceaux de pâte de fruits et me voilà repartit sous les « olas » de la foule massée derrière les barrières.
Les deux autres ravitaillements ne seront pas plus long que le premier, car j’ai opté pour une poche à eau suffisamment volumineuse pour contenir la boisson d’effort du laboratoire NUTERGIA, qui s’avèrera être une alliée de grande importance tout au long de la course, me faisant ainsi éviter hypoglycémie ou troubles gastriques, habituels dans des conditions aussi extrêmes.
Je poursuit mon effort en direction du second relais, posté à Salles Curan, alternant entre piste large, siggle tracks et parfois routes communales. Des sentiers qui peuvent se révéler très piégeurs, car des monticules de feuilles, entassés dans les fossés, camouflaient les diverses branches ou roches jonchées sur le parcours.
L’arrivée sur le deuxième ravitaillement, a mi-course, se fait au travers d’un champs, avec un pourcentage de pente qui nous brûlait les cuisses déjà fortement sollicitées. Je sors sans m’attarder de cette salle chaleureuse avec sur le dos ma veste pour pallier à cette nuit qui devient de plus en plus fraîche.
Une fraîcheur qui se ressent même sous les chaussures, car le sol gelé et parfois recouvert de quelques névés, craque à chacun de nos pas dans un bruissement sympathique. Des marquages sur la neige nous indiquent la dangerosité de certains passages. Je profite de la transition pour dire un petit mot au sujet du balisage, qui a été pour ma part exemplaire en termes de visibilité et d’orientation : une vraie performance de l’organisation.
La dernière portion , à partir de la chapelle de St Beauzély qui marquera tout les esprits, sera certainement la plus éprouvante de toutes. Après une longue montée très usante pour les organismes, nous nous élançons dans une descente très technique jusqu’en fond de vallée, où l’on peut apercevoir le Viaduc de Millau, paré de ses milles feux. Mon pied que j’avais protégé jusqu’à présent, n’a pas apprécié ce passage délicat et se fait ressentir au niveau du talon et m’oblige à adopter des appuis contraire à ma foulée coutumière.
Je serre cependant les dents car une ascension toute aussi technique se présente à nous, rendant les souffles haletant et créant un nuages de fumée à chacune de nos expirations. Le viaduc est en lignes de mire et semble reculer à chaque avancées que l’on fait : déroutant. Surtout que le terrain ne nous facilite pas la tâche, avec un sentier en dévers faisant pâlir la tour de Pise et des monotraces toutes en relance.
Soudain, la pile 1 du fameux Viaduc est là devant nous, illuminée, je fais un arrêt express et me tourne dans l’alignement de tous les piliers car l’instant est aussi magique que nous l’avait annoncée l’organisation.
Coïncidence, le partenaire virtuel que j’avais démarré sue mon GPS, me signale que je suis arrivé avec les 63km500 annoncés au départ, mais point de banderoles si ce n’est que j’aperçois la ville Millau en contre bas à plus de 8 kms estimés. Au débriefing rien nous a été signalé et s’est ce genre de détails qui vous met du plombs dans les jambes et un moral en berne. Je ne me décourage pas pour autant et je m’extirpe de cette nuit accrocheuse pour un final de 3 kms sur une route éclairées par les lampadaires, remplaçant enfin une frontale qui ne m’aura pas fait de faux bons sur toute la course.
Le final est roulant jusqu’au parc de la Victoire, et malgré l’heure tardive (3h00 du matin), les gens sont là pour nous féliciter. La ligne d’arrivée franchie et immortalisée par une photo, je me dirige vers le ravitaillement où les bénévoles sont au petits soins, comme tous ceux, d’ailleurs, parsemés sur le parcours et qui ont été à leur tour de véritables seigneurs.
Je me dirige vers l’appartement pour une douche et une courte sieste bien mérité. Le reste du groupe se succèdera tout au long de la nuit avec dans l’ordre, mon frère Jerôme, Marie-claude et Christian qui ont abandonnés malheureusement, Véronique, Claire, Albert, Dominique, Jean-Pierre, et Jean-Claude.
Le bilan est positif pour un début de saison, malgré cette blessure handicapante au niveau du pied qui ma irradiée une partie du mollet également, mais la préparation se poursuit en vue du prochain rendez-vous.
Je tiens à remercier tout le Staff d’amis présent ce jour pour leur bonne humeur, ainsi qu’Anthony Berthou pour m’avoir permis de participer à cette épreuve, Bernard Taes pour son amitié durable, Fabien Andrieux pour son soutien et bien évidemment mon frère, Emma et mon fils Ennio pour leur réconfort.
Sportivement.
Sébastien.

TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO