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Contre la montre …

Samedi 18 mai 2013, la météo est très peu encourageante pour cette 14ème édition du Grand Raid des Dentelles, l’un des rendez-vous clef de ma préparation …

L’un des organisateurs nous transporte Mon frère Jérôme, Doumé et moi en direction de Bedoin d’où sera donné le départ de ce trail de 56 km ralliant Gigondas. Le ciel est extrêmement couvert et menaçant, et il nous est totalement impossible de distinguer le Ventoux car un nuage bas y a élu domicile. Le président de la course a d’ailleurs pris la sage décision d’amputer la parie sommitale par mesure de sécurité, en faisant contourner l’aiguille par la piste du chalet Liotard en rallongeant de deux kilomètres. Peu à peu de grosses gouttes viennent s’écraser sur le pare-brise et dans un rythme incessant les essuie-glaces tentent d’apporter un peu de visibilité.
A notre arrivée s’est le déluge ! et chaque concurrent essaie de s’abriter comme il le peut. Nous, nous trouvons refuge dans une laverie automatique et finissons de nous préparer. Evidemment, nulle question de s’échauffer dans de telles conditions et nous préférons rester au sec encore quelques minutes en attendant le départ.
8h30, un très rapide briefing et nous voilà libérés à l’assaut du Ventoux, enfin les ¾ pour être exact. Des trombes d’eau s’abattent sur nos têtes et je me dis que le printemps est encore bien loin ! Nous sommes mélangés au départ avec les équipes de 3 relayeurs, sans pour autant avoir un quelconque signe de distinction sur nos dossards…Du coup, je reste avec le petit groupe de tête jusqu’au pied du Mont Chauve et laisse chacun de mes compagnons se faire la politesse de la 1ère place.
Préférant éviter leurs à-coups successifs, je me cale sur le côté opposé du sentier et cherche un tempo qui me convient. Sans faire spécialement l’effort, je constate que mes partenaires du jour lâchent un à un et seul le premier équipier du team OPTISPORT s’efforce d’accrocher.



















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Je fais l’ascension en tête jusqu’au sommet de la Baumasson à 1400 m d’altitude avant de laisser ce concurrent me relayer sur la piste forestière. Le vent nous fouette le visage et je suis obligé de tenir la capuche de ma veste SPEEDTRAIL pour me protéger des grêlons. Soudain un éclair déchire le ciel et la détonation rompt le silence dans un grondement peu rassurant.
Nous sommes au niveau de l’isotherme, car la neige fait son apparition, et le froid saisissant durcit mes quadriceps.
La montée se poursuit jusqu’à 1550 m avant de basculer sur le Mont Serein, le premier point de contrôle. Mon compagnon de route accélère pour transmettre son relais, tandis que je reste concentré sur mon allure, impatient de redescendre en dessous de ce nuage fermement ancré au sommet.
Je passe en mode canyoning  (je sais j’exagère un peu, mais guère !), les petits monotraces habituellement agréables, se sont transformés en de véritables petits torrents recouvrants intégralement mes SKYRACE 2. Inutile de chercher à éviter les trous d’eau, car c’est un ruissellement permanant qui s’opère. Heureusement la deuxième partie descendante jusqu’au Rissas, le 2ème PC, est beaucoup plus roulante sur une piste 4x4. La pluie semble diminuer, mais je préfère conserver ma veste et mes gants, compte tenu du ciel encore menaçant qui m’entoure. Je passe ce contrôle en solitaire, car bien sûr le 2ème relayeur de la 1ère équipe a pris la poudre d’escampette et je n’aperçois personne sur le sentier qui serpente le flan de la montagne derrière moi.
Je repars donc en direction de Malaucène avec la fameuse portion du Groseau en mémoire.
Une partie déjà humide par temps sec due à une source souterraine, alors je vous laisse imaginer ce jour là. Le sol argileux tente d’aspirer mes chaussures par un effet ventouse et la pente m’oblige à m’agripper aux diverses branches pour progresser sans glisser.
L’arrivée au 3ème PC est un soulagement après 3h25 de course. La pluie redouble d’intensité et les bénévoles bien emmitouflés sous une tente militaire me regardent passer en m’encourageant. Je les salue et les remercie avant de m’éloigner en direction de la dernière difficulté : le Saint Amand.
Une belle portion de piste forestière permet de reprendre du rythme jusqu’au col de Chaîne d’où je distingue l’Aiguille posée sur la crête que je dois gravir tel un phare qui m’indiquerait la direction à suivre. Les jambes répondent encore bien et j’arrive assez vite au sommet qui surplombe les vignes de Gigondas.
Un dernier ravito, et le seul où je prends la peine de m’arrêter, car j’avais décidé de me tester sur une course en totale autosuffisance, puis je trace vers la ville d’arrivée. Je profite de la route, ou du ruisseau devrai-je dire !, qui me sépare de l’arche salvatrice sous une pluie diluvienne. Je saisis ma GARMIN et stoppe le chrono sur 5h45 d’effort.
Mon frère,  ayant abandonné au Mont Serein, pour une hypothermie, m’accueille dans la salle des fêtes, accompagné de quelques applaudissements qui me réchauffent. Des amis relayeurs viennent me féliciter également et je savoure cette victoire, tout en ayant une pensée pour les concurrents qui continuent de se battre contre les éléments.



















Je suis heureux d’avoir trouvé la motivation nécessaire, dans ces conditions météo difficiles, seul contre la montre. Cela me conforte dans ma préparation pour l’UTMB, qui se poursuit…

A bientôt sur les sentiers….                                                                                                                                                         Seb

TRAIL : EXTREME SPORT

                                                                      BY SEBASTIEN FARANO

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