
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
Sans regrets...
Il est 6h00 du matin, je m’extirpe difficilement de mon lit afin de me préparer pour mon premier grand rendez-vous de l’année : le trail du Vulcain en ce 6 mars 2011.
Cette course a comme un goût de revanche sur l’édition de l’année passée où nous avons été contraint d’effectuer un parcours de repli amputé de l’ascension du Puy de Dôme, compte tenu des conditions extrêmes de neige, de glace et de vent cumulés.
Après une bonne heure et quart de route, nous arrivons mon frère et moi, quelque peu à la bourre, au gymnase de Volvic pour récupérer notre dossard. Tandis que nous patientons dans la file d’attente, l’organisateur annonce au micro des modifications de parcours. Je remarque dans le regard de mon frère l’espoir de voir les 62 kilomètres de départ rognés de quelques centaines de mètres, mais que nenni ! Le speaker nous communique une rallonge de 3 km ce qui a pour conséquence d’anéantir le frangin déjà peu motivé à emprunter le long parcours.
Nous rejoignons les quelques 750 coureurs qui se massent sous l’arche après avoir effectué la vérification d’usage du matériel obligatoire, et je retrouve à mes côtés mon ami Cyril Cointre qui me fait part de ses impressions sous un ciel radieux cette fois-ci. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’opte pour la panoplie quasi printanière de chez LAFUMA faisant abstraction des 3 degrés en dessous de zéro saisissants en ce début de matinée.
Je jette un œil en direction de mon frère Jérôme avant le coup d’envoi qui nous libère dans les ruelles de cette charmante ville d’Auvergne qui donne naissance à la meilleur eau de source du monde selon lui : propos qui peuvent paraître chauvin, mais tellement vrai !
Le rythme est soutenu car le choix du parcours (34 ou 65 km) se fait au vingtième kilomètre et chacun tente de se faire une place sur ce profil montant dans de larges pistes en direction du Puy de la Mugère.
Au fur et à mesure de notre progression les groupes se forment et la neige au sol fait peu à peu son apparition rendant les appuis très fuyants. Je suis donc peu à l’aise dans les premières descentes, devenues piégeuses par les amas de feuilles entassées et camouflant les cailloux ancrés dans le sol, le tout accompagné de glace.
Je m’oblige à être prudent afin de protéger cette cheville qui me fait défaut depuis un mois, quitte à me faire doubler dans ces portions techniques et à faire l’effort dans les parties plus roulantes.
Je ferai ainsi le yo-yo jusqu’au parc de Vulcania où se trouve le premier ravitaillement mais également la séparation des deux distances. Des spectateurs nous encouragent à notre passage et l’un d’eux prend soin de nous pointer me donnant une première indication sur ma position de quinzième au scratch et d’être le sixième concurrent à basculer en direction du puy de Dôme.
La deuxième partie de course est relativement plane jusqu’au pied de ce volcan emblématique, il y a bien deux ou trois ressauts mais rien qui peut empêcher d’adopter un rythme de croisière constant.
Ce tempo me permet de remonter sur le cinquième de la course tout en arrivant au second ravitaillement. Je l’encourage avant de nous lancer à l’assaut de ce sommet coiffé d’une antenne qui nous surplombe et qui pointe telle une mire que l’on doit atteindre.
Nous sommes au 35ème kilomètre, les jambes et les sensations sont encore bonnes, c’est pourquoi je trottine durant toute l’ascension revenant ainsi sur le quatrième trailer. Une personne de l’organisation valide mon passage et m’invite à faire le tour de la collerette du Puy de Dôme qui est aménagée pour les randonneurs et les touristes. Je suis secoué par un vent froid et violent qui me rappelle notre bon vieux mistral qui souffle sur le Ventoux et qui me hâte à rejoindre la descente pour y retrouver un climat plus agréable.
En parlant de descente, je réalise que j’arrive au seuil de ma préparation et j’encaisse donc assez difficilement cette pente qui alterne entre neige et glace fondante transformant le sol en une vraie patinoire de boue. Je suis alors très concentré sur mes appuis, peut-être un peu trop car je loupe une rubalise qui est sensée me faire bifurquer sur ma droite.
Il me faudra plusieurs minutes pour regagner le bon sentier et je perds en prime quelques places car je suis pointé au retour sur Vulcania en onzième position. J’ai du mal à me remettre en course, d’une part à cause de cet égarement et surtout mes quadris qui commencent à s’échauffer.
La troisième partie de course m’apporte un regain de forme notamment lorsque j’aperçois deux coureurs devant moi. La fin de parcours qui est identique au 35 km est vallonnée avec deux raidillons qui finissent de durcir les muscles. Je m’accroche à mes deux compères du jour qui semblent souffrir également et nous basculons dans la dernière longue descente de 7 km.
Je les distance peu à peu et j’arrive dans Volvic à une poignée de secondes du 8ème concurrent avant de franchir l’arche gonflée sous le gymnase. Mon frère m’attend et me fait comprendre qu’il a eu du mal à boucler ses 34 km alors que je lui fais part à mon tour de mes impressions à chaud avant le repas copieux fourni par l’organisation.
Résultat, je termine les 65 km/2500 D+ à la 9ème position en 6h32mn avec une réelle satisfaction même si j’aurai espéré me maintenir dans les 5 au final : mais c’est la course ! Et puis j’étais conscient au départ que la distance me serai longue en ce tout début de saison.
J’ai pris toutefois un énorme plaisir à courir sur les traces de mon enfance comme sur ce Puy de Dôme que je n’avais plus foulé depuis l’âge de mes dix ans certainement.
Une course chargée donc d’émotions qui me fait réaliser pourquoi je prends toujours autant de plaisir à pratiquer cette discipline qu’est le Trail.
A bientôt sur les sentiers…
SEB


TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO