
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
Le Trail des Cerces 2009
Ce Trail à Serre Chevalier de 68km et 3800m de D+ a également pour particularité, cette année, d’être le support du Championnat du monde du Trail. Cette événement remarquable a le don de motiver et d’attirer de nombreux trailers de renom et d’autres coureurs régionaux venus se faire plaisir sur ce parcours sélectif.
Nous y arrivons la veille, mon frère et moi, afin de récupérer nos dossards et retrouver nos amis autour des stands installés par l’organisation. Nous profitons ensemble de la cérémonie protocolaire de la Fédération qui nous présente les différentes équipes de coureurs sélectionnés de chaque pays : le niveau s’annonce très élevé.
Nous passons une nuit courte dans le gîte des Guibertes, près de la zone du départ, et je prépare seul mon sac car mon frère souffrant de douleurs au niveau du tibia ne préfère pas s’aligner à cette course malgré mes encouragements. Après réflexion, je pense qu’il a fait le bon choix compte tenu de la technicité du parcours et de son objectif fin août, l’UTMB.
4h30 du matin, nous rejoignons Bernard, « the coach », levé de bonne heure pour nous saluer et je quitte mon frère afin de regagner la ligne de départ accompagné d’environ 1000 participants. La nuit est assez claire et pas très froide, mais j’opte toutefois pour une paire de manchons et un gilet sans manches car le sommet du Galibier au petit matin se promet rafraîchissant. Les derniers conseil de Patrick MICHEL nous sont donnés et nous nous élançons à vive allure, derrière une cinquantaine de coureurs officiels et tout autant de teams divers, sur une large piste bitumée nous permettant de se faire une place.
Nous quittons rapidement cette route pour nous engouffrer dans un premier sous bois réduisant terriblement la luminosité. Peu de coureurs ont prévu la frontale, et n’étant pas munis de cette petite luciole, je reste prudent sur ce sentier jonché de cailloux, racines et petits ponts afin de préserver mes chevilles.
Les sensations sont assez bonnes, j’aperçois Cyril COINTRE, quelques dizaines de mètres devant moi dans les successions de courtes montées et descentes qui nous amène au pied du mythique GALIBIER. Autour de moi, j’ai le plaisir de retrouver quelques uns de mes compagnons de Team comme Hervé, Renaud ou Jérôme. Je décide de monter au train pour ne pas me mettre dans le rouge car le départ a été relativement rapide et je crains de me brûler les ailes à ce petit jeu. La traversée de la route indique la fin de la première partie et je retrouve pour mon plus grand plaisir mon frère et Bernard, postés sur le bord du chemin pour nous applaudir. Je leur fais signe de la main et leur indique la rapidité à laquelle sont partis les leaders. La deuxième partie de l’ascension se fera par alternance de course et de marche car les jambes sont un peu lourdes et l’estomac commence à me titiller.
Le premier ravitaillement, après 1h45, je m’hydrate avec du soda américain pour colmater les débuts de troubles gastriques et poursuis la fin de cette montée du GALIBIER par une pente vertigineuse de 150 m avec un fort pourcentage. Au sommet, nous foulons une roche caractéristique, noire et friable, d’où l’on domine une grande partie du massif.
Une descente rapide me permet de récupérer quelques forces avant le deuxième col de la journée. Je me souviens que l’année passée un ravito était posté au refuge des Mottets, mais pas aujourd’hui, ce qui me fera défaut car je n’ai pas pris la peine, d’une part de remplir ma poche à eau, et d’autre part, de lire attentivement le road book. Je serre les dents et bascule au col ders Rochilles qui nous livre un spectacle de toute beauté avec une vue plongeante sur un lac d’altitude.
Le ravitaillement des Chalets Laval sera pour moi salvateur. J’y fais le plein d’eau et d’alimentation car j’ai déjà puisé dans mes réserves de gels et il ne me reste plus grand chose pour terminer. Face à moi se dresse le point noir de cette course : c’est le col de Béraudes et ses 850 m de D+ en moins de 2k300.
Le souffle est coupé, les jambes sont dures et la chaleur accablante sur ce versant. Dominique Nugre du team Quechua me double et m’encourage, je tente alors de m’accrocher à ce compagnon de fortune mais il me décroche pas à pas. Les quelques névés que nous traversons témoignent d’une arrivée imminente au sommet où un joueur d’accordéon joue des airs de musette.
Un petit signe à la caméra présente et j’attrape la corde de sécurité pour m’extirper de la crête.
Un long pierrier en balcon nous dirige vers le col du Chardonnet. Je déroule à nouveau ; les jambes ont l’air de vouloir répondre ce qui me permet de revenir sur le frère de Dawa Sherpa.
Je m’élance rapidement dans l’interminable descente en direction de Foncouverte, 800 m de D- sur 6 Kms, autant vous dire que les jambes brûlent après 45 Kms de course. A propos d’échauffement, je ressens une petite brûlure sous les deux voûtes plantaire, mais je ne m’en préoccupe pas trop, et ma foulée retrouvée, je rattrape quelques coureurs en roue libre.
C’est le moral requinqué que j’arrive au ravito de Foncouverte où m’attendent de nouveau Bernard et mon frère, et j’aperçois Dominique Nugre plié sur lui-même qui n’est pas au mieux. Tout les deux s’affèrent à me restaurer et m’encouragent pour les derniers quatorze kilomètres. Mon frère me propose quelques barres énergétiques que je refuse : qu’elle erreur de ma part ! Je leur signale qu’il me sera difficile de rentrer dans les temps que je m’étais fixés, mais compte tenu de ma forme je garde espoir de me rapprocher des 8 heures.
Dans ma tête, le dernier col de Buffère est relativement plat et roulant, mais il en sera tout autre. La première partie très raide nous fait monter rapidement dans les puls, et la deuxième partie qui n’en finit plus de grimper avec un final serpentant dans les rochers me plombe le moral et me ruine les pieds qui s’échauffent de plus en plus.
Les huit derniers kilomètres en descente seront pour moi un véritable chemin de croix. J’aimerai pouvoir allonger ma foulée dans cette pente sans difficulté, mais les pieds me font terriblement souffrir m’obligeant à freiner continuellement mon allure. C’est au tour des genoux de se manifester ainsi que le dos, suivie d’une vraie fringale dans les trois derniers kilomètres. Quelques trailers me doublent mais il m’est totalement impossible d’aller plus vite ou de tenter de les suivre.
Sur la ligne droite de l’arrivée, je distingue au loin mon frère qui m’accompagne en direction de la ligne d’arrivée. Je lui indique qu’il me faut impérativement manger afin d’éviter l’hypoglycémie que j’ai pu contenir jusqu’à présent : je repense à ce moment aux barres qu’il m’avait proposées à Foncouverte ; si j’avais su que le final était comme ça !
Après m’être restauré et pris ma douche je rejoins mes amis Mika, Cyril, Bernard, et Max pour parler de cette course inoubliable. Mon frère me félicite mais je suis malgré tout un peu déçu de ce gros coup de moins bien qui me fis perdre de nombreuses minutes.
Une bonne préparation pour l’UTMB, c’est pourquoi j’ai refusé l’abandon et quelques interrogations sur l’équipement à adopter le jour J.
Un énorme MERCI à mon frère pour sa présence et son soutien, et bien sur à tous les amis qui m’entourent et m’encouragent, coureurs ou non !
SEB


TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO