
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
Courir pour un sourire
Thomas a réuni une nouvelle fois l’équipe pour ce Grand raid des Dentelles 2012 autour d’un projet commun, à savoir courir pour collecter des dons qui serviront à Lyndie, une amie atteinte de la maladie dégénérative de Crohn et qui rêve de pouvoir nager parmi les dauphins. Cette course aura donc pour nous un parfum particulier d’engagement, d’union et de valeurs humaines qui surpassent l’effort sportif.
Nous arrivons vendredi en fin de journée à la Ferme de Montmirail de Gigondas où l’accueil y est chaleureux et dans l’esprit auquel nous adhérons. Cet havre qui appel à la réflexion est l’occasion pour nous de fignoler et de peaufiner nos relais pour le lendemain, avec cette envie collective de performer sur chacune de nos portions.
Après une courte nuit ponctuée par l’effervescence, l’enthousiasme des enfants et le départ alterné de chacun d’entre nous, je me dirige vers 7h00 au village de Brantes où sera donné le départ de mon relais comme l’année passée, alors que certains de mes compatriotes en décousent avec les Dentelles depuis 4h30.
De Gigondas au Paty
Stéphane ou plutôt Mémé, a pris le départ, frontale vissée sur le crâne et s’est élancé dans l’obscurité, comme une gazelle, pour 18 km de course rythmée. Mais en milieu de parcours l’animal s’est transformé en une taupe qui cherche son chemin alors qu’il était deuxième à 30 secondes à la poursuite d’un membre du Team Optisport. Il erre à travers la garrigue, avec un autre concurrent, plusieurs minutes avant de retrouver le parcours initial.
La rage au ventre il repart de plus belle afin de rattraper son retard et relance sur chaque partie roulante pour grignoter les secondes qui le sépare des autres concurrents. Malheureusement, sa concentration quelque peu altérée par son égarement fait qu’il se vrille la cheville au passage d’un pierrier. Les dents serrées et poussé par ce lien d’amitié qui nous uni, il termine son parcours en 6ème position avec 14 minutes de retard. (pour l’honneur, le plus rapide ne bat pas son chrono de l’année dernière).
Du Paty à Curnier
Le relais est passé à Kader, sous les encouragements de Mémé et d’Audrey, pour une portion très casse-pattes. Il s’enfonce petit à petit dans la végétation pour disparaître, toujours accompagné du soutien vocal de son entourage. Le tempo est soutenu car il a pour challenge de nous remonter dans le classement sur ses 12 km vallonné. Il passe un, puis deux, puis trois coureurs, pour enfin se positionner en second, malgré une chute sans trop de gravité dans une partie technique.
Malgré ce bel engagement de sa part, il concède au final encore un peu de temps à nos concurrents et transmet le relais à Estève notre ami espagnol venu spécialement avec Marc pour faire l’ascension du mont Ventoux.
De Curnier au Sommet
Cette montée sèche d’une dizaine de kilomètres colle parfaitement aux qualités d’Estève qui a l’habitude de s’entraîner dans les Pyrénées. Il l’aborde avec sérénité et découvre au fur et à mesure la beauté du site tout en contemplant les plaines environnantes.
En altitude le vent redouble d’intensité et le froid se fait saisissant. Les bénévoles équipés de parka observe avec admiration la foulée de notre compère qui évolue en débardeur face aux bourrasques qui tentent de le déstabiliser. Thomas, Marc et Kader qui l’attendent à l’aiguille sont aussi admiratifs et le félicite à son arrivée avant de s’engouffrer dans la voiture bien au chaud.
Du Sommet à Brantes
C’est au tour de Thomas de s’engager dans une longue descente de 14 km sous les cris motivant de ses amis. Le froid polaire l’a contraint à s’équiper comme en hiver pour éviter de finir façon Mister Freeze, d’autant que la première partie est technique et ne lui permet pas de se réchauffer réellement. Mais au fur et à mesure des kilomètres, le vent faiblit et le soleil s’impose de plus en plus l’obligeant ainsi à se dévêtir peu à peu.
Les sensations ne sont pas très bonnes mais Toto assure comme un chef et s’accroche pour ne pas faiblir sur la piste forestière interminable et ainsi conforter notre 2ème place. Il déroule jusqu’au pied du village de Brantes avant de lancer ses dernières forces dans les escaliers escarpés qui lui reste à gravir avant d’en terminer et de me passer le relais.
De Brantes à Malaucène
N’ayant pas eu d’informations sur l’évolution de la course depuis 8h00, j’avoue que j’avais peur qu’il ne soit arrivé quelque chose à un de mes amis. C’est donc soulagé que j’aperçois Thomas et me prépare à prendre le dossard sur la zone de contrôle.
Je le félicite en récupérant notre porte gourde et je m’éloigne le laissant seul accroupi d’épuisement derrière moi.
Je pars en chasse pour 27 km avec une trentaine de minutes de retard mais tout aussi motivé que mes camarades. Les jambes semblent répondrent sur les parties roulantes mais se durcissent dans les montagnes russes de la vallée du Toulourenc et où la chaleur s’accentue.
Un sentiment m’envahit alors et me pousse malgré les coups de chaud qui m’assomment et des crampes gastriques qui surviennent par moment. Je pense alors à Lyndie, elle est avec moi, tout comme elle l’a certainement été avec mes amis sur leur parcours et je réalise que rien ne pourra nous arrêter, ni les chutes, ni les erreurs de parcours (que je ferai aussi).
J’approche du Grozeau où m’attendent presque la totalité du groupe ainsi que Marc pour le dernier relais. Ils m’accueillent d’un large sourire, Ennio me tend la main et je passe le dossard à un Marc déjà concentré avec 24 minutes de retard.
De Malaucène à Gigondas
Notre Catalan file à toute allure en direction de Gigondas. Il prend plaisir à serpenter dans les monotraces bordés de rochers et se surprend même de la vitesse qu’il s’y impose.
Une partie du groupe se poste au col de Suzette pour le voir passer et l’encourager. Il s’élance dans la dernière difficulté de ses 20 km : le col de St Amand, qu’il gravira sans difficultés avant d’entamer la bascule sur la piste DFCI longue de 6 km et qui le sépare de la ligne salvatrice.
L’équipe, les amis et l’entourage sont là pour le féliciter à son arrivée. Il termine sa portion en 1h35 et arrête du même coup le chrono du groupe en 9h22 minutes en deuxième position à 23 minutes de la première équipe.
Nous découvrons à l’issue de cette course l’ensemble des forces qui unissent ce groupe d’amis auquel je suis fier d’appartenir. Peu importe la compétition et le classement, le sourire et les yeux émerveillés de Lyndie suffisent à eux seuls pour nous récompenser et nous motiver.
Les proches qui nous accompagnent sont également un véritable moteur à notre passion et je tiens à les en remercier : à Audrey, Corinne, Emma, Mylène, Emilie, Ennio, Clément, Manon, Enzo, Noa, Laurent, Stéphanie, Patrice, Jérôme, Bernard…
Pour Lyndie… A bientôt sur les sentiers… SEB

TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO