
“TOGETHER WE REACH THE GOAL" *
Bref ! à refaire...
Dimanche 28 octobre 2012 – PEYRE (près de MILLAU) – AVEYRON- France
4h15 au petit matin – Les yeux encore chargés de sommeil, j’entrouvre la porte du logement accompagné de mes amis Kader et Audrey en vue de nous diriger sur Millau pour cette énième édition de «La grande course des Templiers».
Le froid est saisissant et mêlé à un vent pénétrant, j’ai comme l’impression de rentrer dans mon congélateur.
Après avoir gratté le pare-brise du véhicule, Audrey nous conduit chauffage à fond, sous un ciel étoilé annonciateur d’une journée relativement sèche. Au passage sous le Viaduc encore éclairé, je ne peux m’empêcher d’admirer cet édifice qui relie les deux flancs de la vallée et repenser à mon fils, lisant la veille, que l’un des piliers est plus haut que notre tour Eiffel.
Bref !!! Nous arrivons près de la ligne d’arrivée et nous nous rapprochons des différents sas, mis en place par l’organisation pour disposer au mieux près de 2700 furieux. Avec Kader nous nous positionnons dans le deuxième sas et retrouvons Thomas, bien décidés à tenter de faire la course ensemble. Il fait – 5°C sous abris et chacun des coureurs qui nous entourent sont emmitouflés et produisent une bouffée de vapeur à chaque expiration. Il est 5h15, Audrey immortalise l’instant sous le décompte du speaker, tandis que je pense à Emma et Ennio qui finissent leur nuit bien au chaud.
5, 4, 3, 2,1 c’est parti – Quelques-uns des meilleurs trailers du moment sont présents est imposent pour le coup un tempo digne d’un départ de marathon. Les fumigènes traditionnels qui bordent la route apportent une touche mystique à l’événement et forment une voûte rougeoyante où s’engouffre un flot incessant de coureurs.
Eblouis par ces lumières, je tente de me frayer un chemin tout en zigzaguant à travers la foule pour nous extirper de la masse car nous devons nous situer entre la 300 et 400ème place. Habitué des départs tonitruants, Thomas se détache peu à peu jusqu’à ce qu’on le perde de vue.
Pour ne pas risquer de se séparer également, j’appelle régulièrement Kader et attend en retour une réponse affirmative de sa part afin de me rassurer sur sa présence.
Je n’ai aucune idée du rythme auquel nous allons sur cette portion bitumée et plane, car grisé par ce coup d’envoi en trombe je ne prends même pas la peine de regarder mon Garmin. Ce qu’il y a de sûr, c’est que nous sommes bien trop rapides derrière ces gazelles de la discipline et nous arrivons vite dans la première montée de la matinée.
J’amorce cette difficulté dans un premier temps au petit trot, puis en marchant tant la pente devient raide par moment. Je continue de prendre soin d’appeler par intermittence Kader qui se trouve derrière moi, quand soudain !, je ne l’entends plus me répondre. Sans trop m’inquiéter, je réitère 2 à 3 fois avant de me rendre compte qu’il n’est plus à mes côtés. Je décide alors de stopper mon effort et de me mettre sur le bas côté dans l’espoir de l’apercevoir dans le cortège. Seulement mes recherches sont difficiles car les frontales des autres concurrents sont dirigées vers moi et m’aveuglent, m’empêchant ainsi de distinguer la silhouette de mon ami.
Bref !!! Je repars abasourdi, sans savoir s’il se trouve devant ou derrière moi, loin ou pas ; je décide de poursuivre mon effort jusqu’au ravitaillement, où je verrai Audrey et j’obtiendrai certainement des informations sur sa position.
Au fur et à mesure de ma progression, un léger givre habille l’herbe devenue craquante sous nos chaussures, et rend par endroits, glissant le sentier sur lequel nous évoluons. Mon équipement LAFUMA me protège du vent et du froid polaire, mais ma poche à eau commence vraiment à se glacer et chacune des gorgées dont je me délecte me rappellent les Granitas de cet été. Au sommet de la bosse, la neige fait son apparition sur le long plateau roulant et gelé qui nous achemine jusqu’au 22ème km avec le lever du soleil comme témoin.
1h53 de course – Peyreleau - (140ème) - J’aperçois Audrey qui m’encourage et je m’empresse de lui demander si Kader est passé. Son visage surpris suffit à lui seul pour me convaincre que ce n’est pas le cas. Je me persuade alors qu’il va me rattraper et me remet en route après un rapide ravitaillement par peur de prendre froid. En effet, je ressens les prémisses d’un refroidissement au niveau de l’abdomen et me fait craindre des problèmes gastriques.
Le rythme jusqu’à St Nizier de Vazines sera le même, car très peu de difficultés ralentissent notre avancée. Les sensations sont encore bonnes mais je ressens l’effort du départ et les jambes sûrement encore fatiguées du Grand Trail du Vercors. Je double cependant quelques coureurs et me conforte à l’idée du retour de Kader incessamment sous peu.
3H00 de plus – St Nizier - (111ème) – 34 kilomètres et toujours pas de Kader. Les plateaux balayés par le vent font face à un terrain un peu plus accidenté et les organismes commencent à accuser le coup dans les successions de montées-descentes.
Le paysage Aveyronnais reste magnifique, à l’image de ce trou dans la roche que le sentier traverse, surplombant une vallée sauvage ou encore ces monotraces couvertes de mousse tels que je les imagine en Ecosse.
Au passage d’un petit village qui enjambe un torrent, je reconnais les encouragements caractéristiques et chaleureux d’Audrey qui m’accompagnent dans l’effort.
Une longue ascension s’ensuit, que certains coureurs meurtris et transis ont du mal à gravir jusqu’au 48ème km et 3ème ravitaillement.
4h40 déjà – Pierrefiche - (97ème) – Des spectateurs nous applaudissent, mais je suis étonné de ne pas voir Audrey et je m’engouffre dans la salle mise à notre disposition pour me réchauffer et m’alimenter. Tout en faisant le plein, je croise Thomas épuisé qui m’indique vouloir s’arrêter ici. J’essaye en vain de le convaincre de me suivre et de finir tranquillement avec moi qui ne suis pas bien plus vigoureux. J’avoue avoir songé un court instant à abdiquer également, mais si les conditions météo ont eu raison de ma motivation, je me fais un point d’honneur à maintenir ma détermination.
Face à son abandon, je dois donc me résigner à partir sans lui pour affronter les 28 derniers km avec des jambes en coton mais bien décidé à aller jusqu’au bout de cette aventure.
Les 20 kilomètres qui me séparent du dernier point de contrôle seront les plus longs et les plus durs. Le profil n’est pas des plus terribles, mais lorsque l’on est en roue libre je peux vous assurer que l’on a l’impression que les sentiers sont plus fastidieux ; d’autant que j’ai un orteil qui me gêne terriblement sur une longue partie en dévers.
Plus vraiment dans la course, j’encourage chaque compatriote qui me double sans chercher spécialement à m’accrocher à eux.
Heureusement, la magie du site force le respect et l’envie de se surpasser pour arriver jusqu’à la ferme de «Le Cade».
7h25 mince c’est le temps que j’avais estimé – Le Cade – (148ème) – Me voilà au 64ème km victime d’une petite fringale, je prends le temps de me ravitailler correctement sans me soucier des mélanges. Tout y passe, du roquefort à la compote en passant par la soupe ou les pâtes de fruits.
Je m’élance revigoré dans les 8 derniers kilomètres avec une première descente tout schuss dans la boue à slalomer entre les arbres éparpillés. Puis arrive une montée sèche sous une antenne relais qui domine la ville de Millau et laisse entrevoir le viaduc en toile de fond. Le vent y est terrible et il me faut lutter pour garder l’équilibre.
Je reste au contact des coureurs qui m’accompagne avec des sensations qui semblent revenir peu à peu, certainement l’odeur du final qui me transporte. Nous traversons la fameuse grotte du Hibou illuminée par le faisceau de deux lampes qui nous indique la sortie, pour enfin s’engager dans la dernière descente technique jusqu’à l’arche d’arrivée.
8h40 enfin – Millau – (140ème) Je croise le regard d’Emma, fidèle supportrice et mon fils Ennio, comme à son habitude, me suit sur les derniers mètres pour franchir la ligne ensemble.
Je remercie Audrey pour son amitié et son soutien en attendant Kader qui en terminera en 9h15.
Un peu déçu de cette contre-performance, nous échangeons sur notre course et analysons nos erreurs respectives.
Moi qui n’avais pas spécialement objectivé ce trail dans mon programme, j’ai cependant pris plaisir à retrouver mes amis du Team, à partager ce week-end avec mes amis et découvrir une région accueillante. A refaire !
A bientôt sur les sentiers … Seb


TRAIL : EXTREME SPORT
BY SEBASTIEN FARANO